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Aux Etats-Unis, l’autre « guerre » contre la Russie passe par les comptes offshore, les villas et les yachts

Une task force mise en place par le ministère de la justice américain traque les biens appartenant aux individus et aux entités russes ciblés par le gouvernement.

Par  (Washington, correspondant)

Publié le 20 janvier 2023 à 05h00, modifié le 20 janvier 2023 à 10h23

Temps de Lecture 6 min.

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Le yacht « Amadea », propriété du milliardaire et sénateur russe Suleïman Kerimov, dans la baie de San Diego, en Californie, le 27 juin 2022. Immobilisé dans les îles Fidji début mai, il a été conduit aux Etats-Unis.

La guerre en Ukraine se poursuit dans la boue, dans le froid et dans la neige. Mais elle revêt aussi une dimension internationale inédite, judiciaire, transformant la planète en un vaste échiquier. Les chasseurs sont des enquêteurs occidentaux. Les chassés, des individus et des entités russes, placés sur les listes de sanctions abondamment nourries, aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, depuis l’agression du Kremlin.

Comme en matière de soutien militaire à Kiev, les Etats-Unis se trouvent en pointe dans cette opération. Au début du mois de mars 2022, une semaine après l’entrée des troupes russes en Ukraine, le ministre de la justice, Merrick Garland, a mis en place une cellule – task force –, appelée KleptoCapture. Ce groupe réunit des magistrats et des experts spécialisés dans la lutte contre la corruption, l’évasion fiscale ou le blanchiment. En s’appuyant sur des sources humaines, l’analyse de données bancaires ou les informations de sociétés privées, la task force s’est lancée dans une vaste traque des biens russes : des bateaux aux avions, des villas aux cryptomonnaies et aux œuvres d’art.

L’opacité des circuits demeure un défi énorme. Selon le Trésor américain, « plusieurs oligarques russes » ont effectué « d’importants transferts de fonds à leurs enfants, surtout à ceux étudiant aux Etats-Unis, et ces virements ont financé d’importantes acquisitions, généralement de l’immobilier résidentiel et des biens de luxe », par le truchement de sociétés offshore.

Un effort sans précédent

Les cibles sont les centaines de noms qui figurent sur les listes du Bureau de contrôle des actifs étrangers et du secrétariat au commerce. Il s’agit d’hommes d’affaires puissants qui profitent de contrats étatiques ou de leur proximité avec le Kremlin, de membres du secteur de la défense et du renseignement et d’entités impliquées dans le contournement des sanctions américaines, qui visent notamment les secteurs militaire et maritime, et l’aérospatiale. « Après l’annexion de la Crimée, en 2014, nous avions déterminé des cibles précises, se souvient Daniel Fried, alors coordinateur de la politique de sanctions au département d’Etat, le ministère des affaires étrangères américain. Aujourd’hui, l’administration Biden vise les actifs russes en général. La perception est que le système Poutine est un réseau qu’il faut aborder dans sa totalité. L’effort s’est intensifié, il y a beaucoup plus d’entités gouvernementales impliquées. »

Andrew Adams, 40 ans, est le directeur de KleptoCapture. Procureur adjoint pour le district sud de New York, le magistrat détaille, pour Le Monde, la manière dont travaille la task force. « Les accusations possibles contre les personnes sur ces listes correspondent à tout ce qu’on peut trouver : fraudes sur des transferts de fonds, évasion fiscale, fraude sur visas, drogue… Nous avons fait un effort pour dégager des priorités, en fonction des disponibilités de certains actifs ou bien de l’avancement des dossiers, au moment où la task force a été constituée. Certains sont des acteurs stratégiquement importants, comme des politiciens russes ou des gens proches de l’armée et des services de renseignement. »

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