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L’OPEP, les prix du pétrole et l’espoir de l'industrie canadienne en 8 questions

Des puits de pétrole

Des puits de pétrole

Photo : Getty Images / DAVID JONES

Radio-Canada

Tous les pays producteurs de pétrole auront les yeux rivés sur Vienne mercredi tandis que les 14 pays membres de l'Organisation mondiale des pays exportateurs de pétrole (OPEP) doivent déterminer comment, ensemble, ils parviendront à réduire la production mondiale de pétrole nécessaire à une remontée des prix. Tour d'horizon des enjeux en 8 questions.

Un texte de Geneviève Normand Twitter Courriel  


1. Qu'est-ce que l'OPEP?

L'OPEP est une organisation intergouvernementale dont l'objectif principal est de coordonner et d'unifier les politiques pétrolières des pays membres afin d'assurer des prix « justes et stables » pour les producteurs pétroliers.

L'organisation a été fondée à Bagdad en 1960 par cinq pays : l'Iran, l'Irak, le Koweït, l'Arabie saoudite et le Venezuela. Depuis sa création, certains pays ont joint, puis quitté l'organisation. Le Canada, les États-Unis et la Russie n'en font pas partie.

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2. En quoi le rôle de l'OPEP est important?

« L'OPEP est très importante parce que c'est un ensemble de pays qui représente une très grande part de marché », explique Antoine Halff, le directeur du Programme mondial de recherche sur les marchés pétroliers de l'Université Columbia, aux États-Unis. Le groupe a en effet une mainmise sur 81 % des réserves mondiales de pétrole, contre 19 % pour les pays non membres.

Le professeur et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, reconnaît lui aussi l'importance du rôle de l'OPEP, mais note que l'organisation a perdu de son pouvoir ces dernières années. Selon lui, le rôle de l'organisation demeure relatif. « La position de l'OPEP est de plus en plus marginalisée parce qu'on a de gros producteurs comme la Russie et comme les États-Unis, qui ne font pas partie de l'OPEP, et qui eux aussi dictent, dans une bonne mesure, la production mondiale de pétrole ».

3. Comment un pays devient-il membre de l'OPEP?

N'entre pas à l'OPEP qui veut bien. L'acte législatif de l'organisation stipule que « tout pays qui exporte une quantité importante de pétrole brut et qui a des intérêts fondamentalement similaires à ceux des pays membres peut devenir membre de l'OPEP, si la candidature est acceptée par une majorité aux trois quarts des pays membres ».

4. Combien de pétrole consomme la planète?

La demande moyenne mondiale en pétrole brut et en carburants liquides s'élève à près de 96 millions de barils par jour (mbj), selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Par ailleurs, les chiffres de l'AIE démontrent que la production, elle, a franchi le cap des 97 mbj à la fin de 2015.

L'an dernier, la production canadienne de pétrole brut, assumée principalement par l'Alberta, était de 3,85 millions de barils par jour, selon l'Association canadienne des producteurs pétroliers. De ce nombre, 3 millions sont exportés presque entièrement aux États-Unis.

5. Pourquoi les prix du pétrole sont bas?

La réponse courte | Les prix du pétrole sont bas parce qu'il y a une surproduction à l'échelle planétaire.

La réponse longue | Les prix du pétrole sont bas pour différentes raisons, notamment parce que l'OPEP, et surtout l'Arabie saoudite, n'a pas voulu réduire ses niveaux de production en 2014 alors que les prix avaient déjà commencé leur déclin.

Devant la montée en flèche de la production de pétrole de schiste aux États-Unis (Nouvelle fenêtre), l'Arabie saoudite, à cette époque, n'avait pas voulu céder ses parts de marchés. Sa décision était stratégique : elle voulait « faire mal aux producteurs américains et, jusqu'à un certain point, russes, parce que c'était des producteurs qui bénéficiaient beaucoup du contrôle des prix », explique Pierre-Olivier Pineau.

Aujourd'hui, deux ans plus tard, la situation de l'Arabie saoudite est tout à fait différente. Le pays a à sa tête un nouveau roi et une nouvelle équipe dirigeante, et veut rompre sa dépendance au pétrole et diversifier son économie. C'est entre autres pourquoi l'Arabie saoudite souhaite en venir à une entente collective mercredi, qui ferait en sorte que le fardeau de la baisse de production ne reviendrait pas à elle seule.

Aujourd'hui, bien que nous soyons dans une situation de prix faible, le potentiel pour une reprise des prix est indéniable.

Une citation de Antoine Halff, directeur du Programme mondial de recherche sur les marchés pétroliers à l'Université Columbia
Antoine Halff

Antoine Halff

Photo : Université Columbia

Le refus de l'OPEP d'abaisser la production n'est toutefois pas le seul facteur qui explique le déclin des cours pétroliers du Brent et du West Texas Intermediate (WTI). Selon Antoine Halff, le blâme ne doit absolument pas être porté entièrement par l'OPEP. « Le marché pétrolier est dans une période de transformation profonde. Tout change. [...] Tout est en profonde mutation et l'OPEP cherche à s'adapter à cet univers complètement différent. »

6. Quelles décisions peuvent être prises mercredi à Vienne?

En théorie, l'organisme a trois options : 1, continuer d'augmenter la production, 2, la geler ou, 3, la réduire. Le scénario 1 est possible, mais peu probable puisque les pays de l'OPEP ont déjà exprimé leur désir de voir la production diminuer. Les options 2 et 3 sont plus réalistes.

« Les pays de l'OPEP ont parlé d'un gel de la production, mais, en réalité, la production n'a jamais cessé de grimper », affirme la vice-présidente d'ARC Financial, Jackie Forrest, qui analyse le marché mondial pour développer des stratégies d'investissements dans l'Ouest canadien. Selon elle, l'issue de la rencontre de l'OPEP mènera à deux options : l'annonce d'une petite baisse de la production, ou encore, aucune entente.

Antoine Halff, de son côté, imagine difficilement la concrétisation d'une entente collective entre les pays. « Pour l'instant, une annonce collective, c'est assez mal engagé parce que l'Iran et l'Irak résistent à une telle démarche. L'Iran et l'Irak insistent pour qu'ils soient exemptés de toute contrainte de production et qu'on les autorise à hausser la production », note-t-il.

Je pense que la réunion du 30 novembre va amener à une bonne intention de réduire la production, mais malheureusement, ça a peu de chance de se concrétiser de façon très formelle avec une décroissance de la production mondiale de pétrole.

Une citation de Pierre-Olivier Pineau, professeur et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'Énergie à HEC Montréal

7. Comment les pays de l'OPEP vont-ils mettre en oeuvre une baisse de la production?

C'est la question à 100 dollars. Tous les pays veulent voir les prix remonter, mais aucun ne souhaite réduire sa propre production. Des experts estiment que l'Arabie saoudite pourrait prendre les devants et réduire sa production, contrairement à d'autres pays.

« Le pire serait peut-être que l'Arabie saoudite prenne seule une grande partie de la charge et que des pays comme l'Iran et l'Irak restent complètement en marge », explique Antoine Halff, qui note que cette décision serait possiblement un signal de désunion.

Pierre-Olivier Pineau ajoute que la suroffre mondiale est due à une production élevée de la part des pays non membres comme la Russie et les États-Unis. « Peut-être que l'Arabie saoudite va accepter de rejouer un rôle historique et de réduire sa production, mais ça reste une probabilité un peu délicate à évaluer. [...] Les pays de l'OPEP voudraient aussi que la Russie réduise sa production de pétrole. Un engagement de la Russie sera probablement très difficile à obtenir. »

8. L'OPEP n'a pas déjà annoncé une baisse de production en septembre?

L'OPEP a effectivement décidé en septembre d'abaisser sa production de pétrole à 32,5 millions de barils par jour. Toutefois, aucune annonce officielle n'a été dévoilée pour expliquer la mise en oeuvre du plan. Comme le dit Jackie Forrest à Calgary, « c'était un plan pour annoncer un plan ». Les détails de l'entente, si entente il y a, devraient être déterminés mercredi.

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